Irulan a écrit :
Mais non seulement j'assume mes propos mais je persiste et signe.
C'est bien ce que je craignais...
J'affirme que la plupart des opinions "à coup de hache" contre les USA sont d'une banalité navrante et d'une inculture crasse quant aux réalités historiques et culturelles concernant ce pays. De fait, je suis assez isolé dans mes propos, ce qui fait de moi à 31 ans un rebelle face aux hordes formatées ou prédomine le consensus anti-américain, primaire par définition car sans aucune réflexion, cousu de préjugés et d'idées fausses.
J'espère que mon bac +4 en civi anglo-américaine me permettront de faire valoir mon point de vue sans me faire renvoyer mon anti-américanisme primaire... Par ailleurs je te renvoie aux préjugés des américains sur la France qui sont tout aussi inculturés, sauf que leur président partage les préjugés sus-mentionnés et que le nôtre, non. Par contre, notre cher nouveau ministre des finances a lui fait récemment étalage de son ignorance envers la société japonaise.
Faut-il cesser maintenant ce débat qui de toute façon ne peut avoir lieu ? Pour avoir un débat il faut des idées et moi je ne vois que préjugés, nivelant vers le bas.
Tu affiches là ton côté le plus agaçant. C'est vraiment dommage !
Non le Japon n'est pas le pays gentil-mimi des mangas et de la technologie ludique, c'est surtout une nation repliée sur elle même, aux rancoeurs rancies par le temps , incapable de reconnaître ses erreurs passées de la seconde guerre mondiale, à l'impérialisme revenchard, protectioniste et xénophobe.
C'est surtout une nation qui a inscrit le refus de la bombe atomique et le refus d'envahir militairement un autre pays dans sa constitution, preuve qu'au contraire ils ont retenu la définition de l'expression "crimes de guerre". Quant à l'évocation des rancoeurs et de je ne sais quelle xénophobie, je la laisse là où elle est, au niveau des préjugés qui décidément sont vraiment à sens uniques chez toi...
Le modèle nippon actuel de la nationalité a été initié au XIXè siècle par les théories allemandes sur les races,
... et comme en Allemagne, ces théories ont été abandonnées après la guerre, sauf par une poignée de nostalgiques, comme partout...
et est en complète opposition avec l’histoire et la pensée françaises et US qui furent élaborées ensemble au XVIIIè siècle au moment de l'invention du concept des droits de l'homme et du citoyen qui préfigurera leurs constitutions respectives.
Tant qu'on parle de droits de l'homme, je te renvoie aux griefs porté contre le Japon par Amnesty International, qui ne sont pas particulièment nombreux : 3 pages depuis l'an 2 000, contre deux à la France et trente (belle performance !) aux USA. En tous cas, on y relève ni système judiciaire dirigé par l'argent, ni prisonniers détenus sans procès depuis trois plombes, ni de bavures policières, ni de prisonniers enchainés, ni d'exécutions quotidiennes. Les seuls griefs réels qu'à Amnesty contre le Japon est le maintien de la peine de mort, même si les exécutions sont rares, et la participation -réduite- à la guerre illégale contre l'Irak. Il est bien joli de revendiquer des racines historiques, il faut aussi avoir su couper les bonnes branches et défricher la mauvaise herbe qui pousse autour.
Si l'Allemagne d'après guerre a choisi de passer d’un code de la nationalité reposant sur le droit du sang à un conception fondée sur le droit du sol comme la France et les USA, ouvrant ainsi ses portes à l'immigration, le Japon lui demeurre fermé aux étrangers.
Ce qui renvoie à une donnée sociologique que tu dois bien connaître à ton niveau : l'insularité. Il y a toujours plus d'attachement au sang quand tu vis sur une île. L'Angleterre est le seul contre-exemple, et encore, niveau protectionnisme vis-à-vis du continent, ils ne sont pas mal non plus. Par ailleurs, le terme "droit du sang" pour parler du code de la nationnalité japonaise est grandement erroné. Pour devenir japonais, l'individu doit respecter un certains nombres de règles sociales, avoir une connaissance solide de langue. Il doit s'inscrire dans une société. Je ne vois ce qu'il y a de scandaleux mis à part la différence de point de vue culturel.
Choix tragique car selon les courbes de natalité le Japon va commencer à voir sa population diminuer en 2005 avec tout le cortège d'ennuis que provoque une proportion de plus en plus grande de vieux.
Ca, monsieur, ça les regarde. Le Japonais a cela pour lui qu'il acceptera de bosser cinq ans de plus pour assurer l'équilibre de l'ensemble, et ce sans trop discuter.
Autre aspect du nationalisme nippon, le Japon refuse de renier ses erreurs passées. C'est dailleurs la seule nation qui ne s'est jamais excusée des crimes de guerre commis contre les peuples durant la seconde guerre mondiale et même avant, et en particulier contre la Chine.
Voire plus haut mes précisions sur la constitution. Les relations entre la Chine et le Japon sont par ailleurs beaucoup plus complexes qu'une simple évocation de ce seul épisode. Quand tu regardes le Japon, dis-toi bien que tu as, sociologiquement et historiquement, 50 % de Chine.
Quant aux crimes de guerre américains, le coupable -victorieux, ce qui explique qu'il n'ai jamais eu d'explications à fournir- a d'une part mis cinquante ans à s'excuser de leur avoir rayer deux villes de la carte, et d'autre part perséveré en menaçant du même traitement le mythique "axe du mal", notamment le Soudan.
Pour en revenir à la similitude culturelle et historique entre la France et les USA, ce sont les nations qui accueillent le plus d'étrangers au monde, avec la Grande Bretagne, pour d'autres raisons elle.
Autre point commun qui nous éloigne encore plus du Japon qui est des pays industrialisé celui qui est le plus fermé aux étrangers.
C'est surtout le pays qui fait, à tort ou a raison, le plus peur aux occidentaux. Il y a une immigration sud-américaine, australienne, sud-coréenne et même chinoise non négligeable et jusqu'à preuve du contraire, ils s'adaptent bien et ne se sentent aucunement rejetés. Ceux qui veulent vraiment devenir japonais finissent par y parvenir, même si en l'espèce, la procédure ne se résume pas à un tampon executé par-delà un hygiaphone.
Si nous français nous acceptons volontier certains aspects formidables de la culture populaire japonaise, la culture française est elle appréciée par une petite poignée de japonais tous issus de l'élite. Attention je parle de culture et pas d'Alain Delon...
Je crois que le moment est venu de te parler de Nissan.
Nissan était un constructeur automobile japonais au bord de la faillite, car le système économique japonais standard qui s'y appliquait ne coïncidait pas avec ses besoins. Renault, naguère régie publique, symbole s'il en est de l'industrie française, décida donc de racheter Nissan pour une croûte de pain. Et de débarquer au Japon avec ses hommes, ses cadres, et ses méthodes. 21 000 licenciements secs, dans un pays qui croyait dur comme fer à l'emploi à vie et à l'attachement réciproque entreprise-employé. Un pays vraiment protectionniste aurait bouté ces mécréants hors des ses frontières, le Japon s'est inclinée devant les résultats remarquables de l'opération, à savoir un redressement spectaculaire : épongement de la dette, gain de productivité dans les 60 %. Cela a été un choc incommensurable pour ce pays, mais ils ont accepté la leçon et ont assimilé ses enseignements.
A l'inverse, quand le modèle économique japonais faisait merveille, leur permettait de conquérir des marchés essentiels, à l'époque des barrières douanières et du dumping monétaire, le seul commentaire des français, ce jusqu'au plus haute sphères de l'état, était de les traiter de fourmis. Quand des japonais reprenaient une usine et installait ses cadres, on les traitait de racistes et de despotes, sans égard aux performances souvent remarquables qu'ils y accomplissaient. Et pourtant ils ont accepté ces critiques et assimilé la encore cette donnée. Il existe de nombreux exemples d'assimilation de ce type.
A une certaine époque, il est vrai que les français embauchés, empressés de grimper les échelons de l'entreprise au rythme français habituel, se heurtait au système de promotion à la japonaise, à base de discipline et de respect de la hierarchie. Au contact de la société française, les japonais ont appris à tirer le meilleur de la culture d'entreprise hexagonale, y compris ce qui passait à leur yeux pour un défaut rédhibitoire (pour résumé, le côté rebelle). Le mélange entre traditions industrielle japonaise et françaises est plutôt une réussite : j'ai croisé à plusieurs reprises le directeur commercial régional de Canon France. C'est un breton pur beurre, portant cheveux mi-longs et barbe, loin des yeux bridés et de la courbette toutes les dix secondes.
Loin de l'entité fermée à toute influence que tu te complais à décrire, la société japonaise est au contraire doté d'une capacité d'assimilation remarquable. Elle s'est fondée, à partir d'une souche autochtone, en grande partie sur un héritage chinois et coréen, s'est construite après guerre en empruntant ce qu'ils trouvaient de meilleur en occident (architecture, musique, représentation culturelle, beaucoup de vocabulaire et même certaines traditions chrétiennes). Sache qu'au début du vingtième siècle, le Japon a tout simplement failli abandonner sa langue millénaire au profit de l'anglais, dans ses textes officiels. Tu imagines un tel chambardement en France, toi ?
Un japonais est quand même une des rares personnes au monde capable d'ouvrir un restaurant français reproduisant à l'identique le relais de Bernard Loiseau. Le jour où un français fera construire un temple shintô pour y installer un resto jap', on reparlera de ce qui est fermé envers l'extérieur et de ce qui ne l'est pas. Je l'ai déjà dit, l'image du Japon que tu as est un mélange d'une réalité historique vieille de 150 ans, et d'une confusion avec la Chine communiste (inouï le nombre de personnes qui ne font aucune différence entre ces deux pays).
Pour en finir sur le protectionnisme, j'évoquerais le rôle du Japon à l'OMC et le fait que contrairement aux USA qui arrose son agriculture, sa métallurgie de subventions illégales et achète des rapports sanitaires bidons pour surtaxer le roquefort et imposer son saumon et son veau aux hormones, le Japon ne fait à ma connaissance à ce jour l'objet d'aucun procès pour protectionnisme. Les échanges avec le Japon sont régis par les mêmes traités qu'avec tous les autres pays membres de l'OMC. Et les produits français y ont sans doute plus de succès que les sushis en France...
J'ai un copain qui a un semestre d'école de commerce en stage dans une petite boulangerie française de la banlieue de Tokyo. Tous le quartier, pas seulement les pauvres ou les plus riches ou les mieux éduqués, venait acheter sa baguette à trente balles plusieurs fois par semaine. Il est vrai que les produits étaient quelque peu adaptés au goût japonais (patisserie moins sucrées, notamment), mais c'est un signe d'ouverture et de goût de l'inédit plutôt parlant je trouve.
Enfin, les USA sont également un pays où la culture japonaise circule sans problème. Que les jeunes français cessent enfin de se la péter, ils ne sont pas les seuls à apprécier les mangas et les RPG jap. Le public ado US en rafole également... Etrange... (copyright Elm)
En termes de ventes de mangas, la France est le deuxième marché au monde derière... le Japon !!! Si on rapporte à la population, la France consomme quelque chose comme dix fois plus de mangas que les USA... sans commentaire. Pour les RPG jap', il est vrai que la puissance du marché US garanti un volume minimal de ventes conséquent et par là même la rentabilité de l'entreprise, amènant les éditeurs japonais à prendre plus de risques qu'en Europe.
Bien entendu la jeunesse japonaise d'aujourd'hui tente de casser le moule nationaliste dans lequel elle est prisonnière, mais nier le côté obscur de ce grand pays participe de la japaniaiserie typiquement française qui va souvent de paire avec l'anti-américanisme primaire le plus décérébré.
Si tu inclus dans la jeunesse toute la partie de la population née après 1945, alors oui, tu as très partiellement raison. Au Japon comme ailleurs, la jeunesse représente une propension au changement, sans qu'à notre modeste niveau on puisse présager du sens que prend, au fur et à mesure, ce changement. Quant au terme de
japoniais, il était invoqué par les conservateurs franchouillards type Gouyou-Beauchamp ou Hervé Bourges pour justifier le banissement de la production animée japonaise du petit écran français. C'est un terme emprunt d'intolérance et de fermeture d'esprit, donc indigne d'une personne que j'imagine tout de même plus éclairée que le piètre depictage qu'il nous offre de lui-même.
Non les USA ne sont pas cette nation faciste et belliqueuse que certains veulent voir.
En tous cas elle est actuellement au main d'un gouvernement élu avec moins de voix que son concurrent, quel e frère du président en place lui a livré le vote de son état avec un joli noeud rose, qui contrôle la presse, bafoue les conventions qu'elle a signée, qui ment à ses plus fidèles alliés (ceux avec qui parait-il il a des leisn si imputrescibles) pour justifier une guerre d'intérêts, entretient avec l'argent public des mafias et des armées privées et qui petit à petit remet en cause les droits les plus élémentaires en déstructurant par ailleurs le fondement de ce qui fait de l'amérique ce pays aussi incroyablement riche culturellement et économiquement.
Non le Japon n'est pas le pays techno-fluo révé par certains.
Elle n'est pas non plus le relent de totalitarisme impérialiste et fascisant que tu t'excites à décrire.
Oui nous sommes culturellement très proches des américains dont nous partageons intimement l'Histoire, un peu comme les éléments d'une même famille.
Oui ce qui nous éloigne du Japon est énorme, culturellement, socialement, idéologiquement.
Pour ce qui est de l'histoire, il faudrait encore que le système éducatif US se donne la peine de l'enseigner. Beaucoup d'américains situent la limite entre histoire et préhistoire au débarquement du May Flower. Pour l'instant la France et les USA ressemblent plus à deux cousins inconnus l'un de l'autre qui se disputent l'héritage d'un ancètre tout aussi inconnu.
Personnellement la société américaine a toutes mes faveurs, parce que j'ai eu au travers de mes études un contact privilégié avec elle. Cependant, si j'enlève le fond de peur de l'inconnu qui me reste, la société japonaise reste tout aussi attirante. Et puisque tu me parles de profil historique, je te répondrais en disant que la France (et l'Anglettere) sont de par leur passé colonial des nations naturellement tournées vers l'Orient et l'Afrique. De plus des pays européens comme le Portugal ou les Pays-Bas ont des liens historiques très forts avec le Japon, à tel point qu'il ont été les seuls pays à maintenir des comptoirs dans l'archipel lors de la période d'autarcie que j'évoquais un peu plus haut. Dans l'autre sens, le Japon est de loin le pays oriental le plus influencé par l'occident. Il est normal que ces deux profils s'accordent, et ils le font beaucoup plus que tu ne sembles le considérer.
Ceci est mon dernier post concernant ce sujet car de toutes façons il n'y a pas plus sourd et aveugle que celui qui ne veut ni entendre ni voir.
J'espère seulement que mes trois heures de boulot pour rédiger cette modeste bafouille (je ne me plains pas, j'ai eu l'occasion de réviser mon histoire) me vaudront toute l'attention qu'elle mérite. Quand à ta conception du débat, elle me laisse malheureusement de plus en plus sceptique...
P.S. : je tiens à m'excuser auprès de Rui si certaines de mes réponses ont calqué les siennes. C'est ma pensée, je voulais l'affirmer telle quelle et le fait que tu t'accordes au moins en partie à ce que j'ai écris ne fait que me conforter.
P.S 2 : Les sushis c'est un régal, le hamburger aussi (un peu gras, mais pas plus que le yakitori boeuf-fromage
).
G.C. : Je reparlerais un autre jour du cinéma japonais, de
Stupeurs et Tremblements, et si je suis en en forme je vous parlerai même peut-être d'économie comparée...
XB : Ca y est je craque !!!