
Comme à l'accoutumée, les critiques sont les bienvenues.

Conduite névrosée
« Ce jour là, je n’ai pas voulu prendre le volant. Peut-être parce que j’éprouvais l’envie de comparer les différentes sensations que peut ressentir le passager à celles du conducteur qui, volant en main, est maître de ses manœuvres. Mais j’ai appris à mes dépens qu’il ne maîtrisait pas à tous les coups son véhicule. Il s’était pourtant fixé un but précis, ambitieux certes, mais il était bel et bien déterminé à finir cette course en première position et ce, peu importe sa conduite. »
Burnout 2 est un appel au danger. Il invite le joueur à négliger la loi et à faire abstraction du code de la route. La conduite à contresens est l’amie qui propulse vers la victoire et les dérapages effrénés sont la seule justification à utiliser les freins de façon à mieux épouser les courbes capricieuses d’une route aux virages coquins.
Tel le doux plaisir d’un parfum humé au passage d’une personne inconnue effleurée, Burnout 2 encourage les caresses avec une voiture frôlée, signe de la justesse du doigté.
On n’a jamais fait preuve d’autant de folie et d’imprudence dans un jeu de course, à croire que le goût du risque est aussi délectable que son mets préféré. Le défi avec soi-même est omniprésent, coupable de notre entêtement à vouloir continuellement aller au delà de nos limites.
Cette envie incessante de tenter le tout pour le tout avec cette unique conviction en tête : « ça passera ». Franchir l’interdit, le savourer, le contrôler et le renouveler lorsqu‘il a été interrompu par un manque de concentration ou de réflexe. L’accident met fin à cette prise de risque démesurée, freinant la constante montée d’adrénaline procurée par cette limite qui a fini par être atteinte subitement et violemment.
Ceci ne dure que quelques secondes.
Le véhicule est ensuite relancé à pleine vitesse. Et voilà déjà les phares d’un poids lourds braqués en votre direction. Vous êtes à contresens et déterminez à vaincre les dangers de la route. Cette route, ennemie et complice intime à la fois pour laquelle vous brûlez d’envie d’attester, qu’en dépit des pièges qu’elle dresse sur votre chemin, votre conduite imprudente l’emportera.
Le « Burnout » acquis en est l’incontestable et extraordinaire preuve. C'est la récompense de la lutte acharnée face au danger. A l’image du toxicomane qui savoure sa ligne de coke dangereusement obtenue, l’utilisation du « Burnout » est audacieuse et multiplicative de sensations. Dans une accélération inouïe, le véhicule ne fait alors qu’une bouchée de la route.
La conduite devient incontrôlable, les décisions succinctes, les yeux sont défaillants et les battements de paupières prohibés. Le joueur perd les pédales, transgresse et serre les fesses, car il sait que la route est l’autorité et qu’elle mettra un terme à son ardeur.
Burnout 2 détient le pouvoir de plonger le joueur dans un état second. Il n’est pas seulement un jeu qui se joue. Il se regarde avec frayeur et suspense, assit à côté du « conducteur » pris de démence le temps d’une course inhumaine basée sur l’inconscience.
« Spectatrice de sa folie, j’assistais excitée à son côtoiement du risque dont il avait l’air de jouir. Jamais il n’arrivait à satiété. Mon coeur battait aussi rapidement que le sien, qui battait au rythme de sa course instinctive. Toute cette dense circulation ne l’effrayait pas. Et comme le toxicomane à la recherche de sa dose d’adrénaline, il voulait la sienne. Il voulait toujours plus. »