c'est le fun.
byeMarche Ou Creve
par Ju
Un grondement sourd à peine rythmé par les pas de Ju embrumait Montreal. Celui-ci se mit à chanter doucement, puis de plus en plus fort, mais cessa de peur d'être ridicule. Il traversa le zoo, et bizarrement sourit au lion qui le regardait d'un oeil morne. Sans comprendre, il fut face à la porte.
Il frappa énergiquement. Des pas se firent entendre, et une fantastique voix chanta:
- Qui est là?
- C'est Ju! Répondit celui-ci.
- Je ne connais aucun Ju! Dit la voix.
Il y eut un silence.
- C'est toi, Caro? Fit Ju.
La porte s'ouvrit soudain:
- Mais oui c'est moi, mon Ju! Je t'ai bien eu.
Il allait protester, mais elle ne lui en laissa pas le temps:
- Entre, dit-elle.
Arrivé au salon, Ju s'assit dans un fauteuil et soupira. Mais soudain, Caro se jeta sur lui. Sans qu'il n'ait eu le temps de réagir, elle l'embrassa fougueusement. Cela dura longtemps. Ju sentait son coeur battre la mesure de cette musique silencieuse... Cela était doux, comme à chaque fois. Cela n'en finissait plus... jusqu'à ce que les lèvres de Caro se détachent, pour glisser dans un souffle imperceptible:
- Tu m'as manqué...
Ils se regardèrent. Ju approcha sa bouche de l'oreille de Caro et chuchota:
- Je t'aime...
Bien sûr, il lui avait déjà dit qu'il l'aimait. Bien sûr, il lui avait dit des milliers de fois. Mais ce sentiment était toujours le même. Il voulut le lui dire.
- Ça y est... cela fait déjà un an... cela fait une année, une année que la foudre m'a frappé... cela fait un an que nous nous sommes rencontrés. Et tu es la seule personne que j'aie jamais aimée.
- Il en est de même pour moi, mon chéri, déclara Caro. Personne ne pourra remplacer ton si romantique sourire. Tu es unique, grâce à plein de petites choses. Personne n'a ta démarche, Personne n'a tes cheveux. Personne n'imite aussi bien que toi le cri du pingouin. Personne ne connait l'histoire de Montreal aussi bien que toi. Personne à part toi ne m'a jamais dit que j'étais superbe. Bref, personne à part toi ne mérite d'être dans mon coeur.
- Ma puce... Caro...
Mais il ne put continuer. Une fois de plus, leurs lèvres se rejoignirent. Ils déliraient presque tant la fièvre les gagnait... ils étaient en haut d'un pin parasol, en train de marcher à l'air libre. Près d'eux, J.S. Bach chantait ''Aria'' en les regardant. Comme frappé d'un coup de foudre, Ju fasciné eut à peine le temps d'apercevoir, dans un éclair, comme dans une toile de Dali, Caro réincarnée en sirène... Ecume bouclée, vagues ébouriffées, ciel baigné de nuages qui font cligner la lune, commissures nacrées de lèvres de coquillages, le sourire émaillé de corail blanc, la voix lactée et les seins nus étoilés de mer... tout disparut lorsque Ju rouvrit les yeux.
- Caro...
- Oui?...
- Caro... veux-tu m'épouser?...
- Oui... fit-elle doucement.
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
- Tu sais, c'est drôle, dit Caro, car hier matin, Jules a tenté de me séduire.
- Non, c'est vrai?
- Oui, et comme je lui disais que c'était toi, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse avec lui.
- Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie privée.
- Heureusement je lui ai dit ceci: ''Le jour où tu seras un tant soit peu civilisé, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Ju est plus fou que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.''
Puis ils se promirent de s'aimer éternellement, et l'éternité commença pour eux.